Dimanche 14 septembre 2025, Jean-Hugues Mazagran s’est éteint à l’âge de 65 ans. Ancien joueur puis président de Joinville, il laisse derrière lui le souvenir d’un passionné de handball, entier et généreux, très attaché à sa famille comme à son club.
« HOMMAGE À UN ANCIEN PRÉSIDENT DE JOINVILLE
MAZAGRAN JUSQU’AU BOUT…
Dimanche matin, à l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, Jean-Hugues MAZAGRAN s’en est allé.
L’ex handballeur de 65 ans s’est éteint le 14 septembre 2025, atteint de complications irréversibles suite à une insuffisance rénale. Retour sur le parcours de cet enfant de Salazie.
Jean-Hugues Mazagran, alias MAZ, laisse une famille dans la douleur et dans une infinie tristesse : ses enfants, Anaïs, Yann, Pierre-Etienne, Xavier, Jennyfer, son épouse Roselyne, son ex-compagne, ses frère et sœur, cousins et cousines.
L’ancien agent postal des années 80 en région parisienne, puis agent du Département après une carrière aboutie dans le privé, avait bâti sa réputation dans la sphère du handball.
Comme joueur à l’AS Chateau-Morange, où il a fait ses armes, puis à Joinville avant de se mettre à disposition du collectif comme dirigeant et présider à la fin des années 80 et début des années 90 le club mythique de la rue Jules-Auber. Épaulé fraternellement par les “Dada” Valliamée, Alex Coindevel, MM.Cerdanne et Théba-
UNE GÉNÉROSITÉ HORS NORME
Pour les Oranges, ce fut cinq années de présence continue au sommet, dont cette année 1997 où le club réalise un incroyable grand chelem en s’octroyant le titre chez toutes les catégories masculines. Un exploit. Une fierté.
Un grand bonheur pour cet indécrottable passionné de handball. De la race des bénévoles engagés. Tête haute. Pas du genre à se laisser faire.
Et toujours au service des autres. Pas de ses intérêts. Sans calcul. Des vrais comme on n’en voit plus désormais. Ou très peu.
À peine intronisé Président, il réussit à installer un sponsor -60 000 francs de l’époque- chez les zoranges trois ans durant. Une sacrée somme. Quand moi, le précédant dans la démarche de 1984 à 1987, j’avais ramené Yoplait au devant du maillot à hauteur de 50 000 francs l’an. Taquin, il commentait :”j’ai fait mieux que toi”. Et moi je lui répondais: “non, on a fait mieux que les autres”. Une manne financière mise à disposition du projet qui contribuera à installer alors le projet en mode élite, participant à l’incroyable épopée de Joinville, avec 10 titres d’affilée.
En feuilletant ces pages du passé, Michel Zitte, “l’historien joinvillais”, en convient. Depuis la métropole, il a tenu à rendre hommage au défunt.
“Maz, c’était un écorché vif. Avec un cœur énorme. Quand j’ai débuté comme journaliste à l’Echo des quartiers, je n’avais pas de moyen de transport. C’était compliqué. J’en ai parlé comme ça autour de moi. Et puis un matin il m’appelle et me dit qu’il a négocié le prêt d’une d’une moto pour moi le temps que je m’en procure une avec ma future paie. Ça m’a touché. Lui qui ne roulait pas sur l’or. Je lui en ai toujours été reconnaissant. Après j’ai vite compris que c’était quelqu’un prêt à se plier en quatre pour les autres. Maz était un faiseur, pas un causeur”.
JUBILÉ AVEC LUDERCE SPENCER
L’autre bonheur durablement impérissable, Jean-Hugues Mazagran l’a vécu en juin 2000. Lors du jubilé du Parisien Luderce Spencer -organisé par votre serviteur. Luderce dont le terrain de Joinville porté désormais le nom depuis juin 2025.
4 000 personnes à répondent à l’appel, un mardi en semaine, au stade de l’Est. Exceptionnel. Pour la première fois de son histoire, en mode convivial, la grande famille de Joinville se retrouve réunie, sur le terrain comme dans les gradins, Une intense mise en lumière régionale et des flashs synonymes de fin de cycle. D’au revoir.
Nostalgique, Jean-Hugues gardera ancrée en lui ces intenses moments d’émotion. Il en reparlait. Souvent. Non sans fierté.
Éloigné de la rue de Jules-Auber par les aléas de la vie, l’ex-collaborateur sportif du Quotidien continuait, longtemps, à se passionner pour ce sport. Pratiqué par ses enfants: Yann, Pierre-Étienne, Xavier et, bien sûr, ses beaux frères et neveux, les Coindevel, Alexis, Alix, Jean-Michel et Christophe, les Claire Nicolas, Adrien, Etienne et les Paquiom Johan, Julien et Nathan.
Heureux du retour de Joinville Hand des Bertrand Morville et de Stéphane Frémont au sein de l’élite.
TROISIÈME MI TEMPS
Hors terrain, Jean-Hugues était un amateur de plaisirs culinaires. Un bon vivant. Un pouaké de musique, de zouk et de séga, notamment, exécutant ses pas de danse quand l’euphorie le gagnait.
“Il a fait partie avec Alix, Michel Zitte, Johnny Robert, Poète Dijoux et Arthur Lau Wen Tai de ceux qui ont fait de la “troisième mi temps” joinvillaise” une légende”, se souvient Emmanuel Grondin, témoin de l’époque, ex photographe au Quotidien, et précieux “icloud” bénévole de Joinville.
Une inside fusionnelle de feu, née il y a exactement 40 ans, sous l’ère Kassav. D’abord au Dionysos, puis prolongée au Circus et, surtout, au Swing. Que de souvenirs, pleins à ras bord, et rieurs.
Oui, Jean-Hugues a été un homme qui a vécu la vie à fond. A pleines dents. Toujours au présent. Si heureux sur sa moto à grosses cylindrées, moustache à l’air, gilet au corps, qui lui procurait ce sentiment unique de force, d’évasion et de liberté.
Un passionné de hand, de moto, de vélo -qu’il a pratiqué un temps- mais aussi de foot. Notamment du Paris Saint-Germain pour lequel l’ancien de la capitale vouait une incroyable dévotion. Il fallait le voir, lors de la ligue des champions, transformer son salon en Parc des Princes, écharpes et maillots de jeu dernier cri en déco. Prière de ne pas déranger.
LA PASSION DES SIENS
C’était aussi un papa aimant. Un père de partage avec ses enfants. Présent cette année à deux noces filiaux, Xavier et Jennifer et le baptême d’une dernière petite, Louane.
Un papy aux petits soins qui portait en lui une dernière souffrance : celle d’avoir perdu deux de ses petits-enfants durant ces douze derniers mois. Dont un, tragique, dans une de ces rues impersonnelles de l’hexagone. Des faits qui l’ont fortement affectés.
A l’heure de ce départ qu’il pressentait, philosophe quant à ce destin étendant ses filets, il manifestait des regrets. Ceux de ne plus pouvoir consacrer du temps aux siens, à “mes petits” dont Lucas son petit-fils des Camélias, 10 ans, qu’il couvait au quotidien.
Avec, aussi, comme un premier appel à l’au-delà, une pensée pour ses parents téméraires, ayant quitté le cirque de Salazie pour le chef-lieu, avec enfants et maigres bagages, dans la perspective d’une vie meilleure. Pour un pari gagné.
HAIE D’HONNEUR
Une vie meilleure, dégagée de la maladie, de maux douloureux et pesants appartenant à la part d’ombre de tout un chacun, Jean-Hugues la trouvera là haut.
Dans la quiétude et le silence apaisant des cieux.
C’est une haie d’honneur que lui réserve son club de cœur, Joinville. Sous forme de remerciements et de reconnaissance. Ce club à qui il a tant donné. Comme nul autre.
Adieu Jean-Hugues. Tu quittes la terre comme tu l’as vécu. À toute vitesse. Trop vite là ! On t’en veut un peu. Mais c’est la vie. Ta vie.
Passé du vert à l’orange, te voilà maintenant accro au bleu céleste. Là où ton étoile, de nouveau scintillante et protectrice, comme celle de notre regretté ami commun Johnny Robert “l’indien”, recommencera à briller. Par la grâce de Dieu.
Car tel est ton destin. Adieu l’ami. Adieu poto. Tu avais horreur des pleurs. On te pleurera quand même. Juste pour te faire raler. «



BON VENT A LUI! JE L’AI CONNU EN TANT QUE JOUEUR !