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À La Réunion, les institutions publiques déclarent « la guerre au tabac » (Vidéos-Photos)

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« Deux fumeurs sur trois mourront prématurément. » Cette phrase-choc, lancée par Gérard Cotellon, directeur général de l’ARS La Réunion, plante le décor. Le tabac n’est pas seulement une affaire de santé personnelle. C’est un fléau collectif, environnemental, économique, social. Et à La Réunion, les institutions publiques ont décidé d’agir : ce 3 juin, journée mondiale sans tabac, la CGSS et l’ARS ont officiellement signé la charte « Institution Sans Tabac ».

Un engagement fort et concret

Cette charte ne se limite pas à des intentions. Elle marque un tournant vers des lieux de travail plus sains. Elle repose sur trois axes : protéger les agents et les usagers du tabagisme passif, accompagner ceux qui souhaitent arrêter de fumer, et promouvoir un environnement cohérent avec les messages de santé publique.

Autrement dit : sensibilisation, accompagnement personnalisé, création de zones sans tabac, cendriers ludiques, valorisation énergétique des mégots… tout est mis en place pour que les agents ne soient plus seuls face à l’addiction.

Des témoignages qui changent la donne

Aurélie Marzol, ancienne fumeuse, raconte à notre reporter Karoline Chérie comment sa première cigarette est venue avec le stress des révisions du bac. Puis l’habitude s’est installée. Jusqu’au déclic : les ateliers animés par des tabacologues.

Elle insiste : arrêter seule, c’est souvent violent. Mais accompagnée, c’est un parcours soutenu, humain, bienveillant.

Un autre témoignage vient confirmer ces propos : un agent de la CGSS évoque ses multiples tentatives d’arrêt, toujours suivies de rechutes. Ce qui a fait la différence ? Le coaching personnalisé, les patchs bien dosés, le soutien continu, les échanges avec d’autres personnes concernées.

Un fléau bien réel à La Réunion

Avec environ 150 000 fumeurs sur l’île, et un coût social estimé à 156 milliards d’euros par an en France, le tabagisme reste une urgence de santé publique. À cela s’ajoutent 3 000 morts par an liées au tabagisme passif, des mégots qui polluent pendant 12 ans et une industrie qui, selon Cotellon, « renouvelle sa clientèle en ciblant les jeunes, parce que les autres meurent trop tôt ».

La France reste l’un des pays les plus touchés par le tabagisme. À La Réunion, les chiffres montrent une baisse du nombre de fumeurs réguliers, mais les conséquences sanitaires restent très élevées.

Des actions qui portent déjà leurs fruits

Depuis 2022, l’ARS et la CGSS multiplient les actions : questionnaires sur les habitudes tabagiques, entretiens avec des tabacologues, ateliers hebdomadaires, accompagnement par les pairs (« adopte un fumeur »), stands de sensibilisation…

En parallèle, la formation d’infirmières du travail pour devenir tabacologues permet une prise en charge directement au sein des institutions.

« Ce serait incohérent de promouvoir la santé publique à l’échelle du territoire, tout en négligeant nos propres agents », souligne Gérard Cotellon.

Le message est clair : « on ne lutte pas seul »

Les institutions passent à l’action. Mais le message le plus fort vient de celles et ceux qui ont traversé l’épreuve.

« Ce que je dis à ceux qui veulent arrêter : ne restez pas seuls. Faites-vous accompagner. Le travail est déjà un stress, alors s’il peut devenir un lieu de soutien, c’est une victoire. »

 

 

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