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50 € de trop pour être aidée : une injustice qui ruisselle du toit au cœur (Photos-Vidéo)

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Au 567 chemin Grand Canal, une porte s’est ouverte hier, non pas pour accueillir, mais pour dénoncer. Madame Safy Eliane née Payet, 84 ans, et sa fille, venue passer quelques jours de vacances, ont décidé de briser le silence. Ce qu’elles montrent n’est pas seulement une maison en ruine, mais une vie qui s’effrite dans l’indifférence.

Une maison en péril

Dès l’entrée, l’humidité saisit comme une gifle silencieuse. L’air est lourd, moite, presque irrespirable. Des seaux, des bassines et même des casseroles sont éparpillés dans chaque pièce, témoins silencieux d’un combat quotidien contre les infiltrations. Le toit, affaissé par les années et les intempéries, laisse passer l’eau à chaque averse. Les murs suintent, couverts de taches sombres et de moisissures qui grignotent lentement la structure. Les meubles, autrefois solides, sont aujourd’hui rongés par l’humidité, gonflés, déformés, parfois inutilisables. Le sol est glissant, les rideaux imprégnés d’eau, et l’odeur de moisi imprègne chaque recoin.

« Quand il pleut, c’est impossible. On est obligé de mettre des seaux partout. C’est comme à la télé, mais c’est chez moi », confie Madame Safy, les yeux embués, la voix tremblante. 

Une aide inaccessible

Madame Safy vit seule depuis le décès de son mari. Sa retraite, modeste, ne lui permet pas de faire face aux réparations nécessaires. Et pourtant, un simple dépassement de 50 € la prive des aides publiques. 

« Ma sœur en France lui envoie 100 € par mois pour l’aider, et à cause de ça, elle dépasse le plafond. Résultat : aucune aide. » témoigne sa fille. 

Le dossier de rénovation du toit a été déposé il y a trois ans. Trois années d’attente, de silence, de promesses non tenues. 

« On est prêts à participer, nous les enfants. Mais il faut qu’on nous dise combien. On peut s’organiser, donner tous les mois. Mais là, rien. »

Une maison secondaire balayée par le cyclone

Derrière la maison principale se trouvait une seconde bâtisse, plus modeste mais chaleureuse, aménagée en chambres meublées pour accueillir les enfants lors des vacances. C’était un lieu de retrouvailles, de repos, de souvenirs partagés.

 « Avant, on pouvait dormir ici. C’était propre, c’était joli », se souvient sa fille avec nostalgie.

Mais le cyclone Garance qui a récemment frappé La Réunion a tout bouleversé. Une partie du toit s’est envolée, laissant les pièces à ciel ouvert. Les appareils électroménagers ont été détruits, les meubles trempés et irrécupérables, les murs éventrés par les rafales. 

« Aujourd’hui, c’est le chaos », dit la petite mamie désespérée, en montrant les dégâts encore visibles : une machine à laver écrasée par une poutre, un frigidaire hors d’usage, des lits imbibés d’eau, et des objets personnels éparpillés dans les décombres.

Ce lieu, autrefois synonyme de chaleur familiale, est devenu inhabitable. Et pourtant, il reste là, figé dans le silence, comme un témoin de l’abandon et de l’urgence à agir. Malgré les difficultés, Eliane continue de s’investir dans la vie de son quartier. Elle entretient la petite chapelle en face de chez elle, nettoie, change les fleurs. Elle donne de son temps, de son énergie, avec le cœur. 

 Une demande simple, un appel à la solidarité

Face à cette situation alarmante, Madame Safy ne demande pas l’impossible. Elle souhaite simplement une aide pour entreprendre les travaux les plus urgents, notamment la réfection du toit, afin de vivre dans des conditions dignes et sécurisées. Ses enfants, profondément touchés par l’état de la maison et la fragilité de leur mère, sont prêts à compléter le financement nécessaire. Ils ne demandent qu’un accompagnement, une écoute, une main tendue.

Ce n’est pas une demande de confort, mais une demande de justice. Car à 84 ans, personne ne devrait vivre sous un toit qui menace de s’effondrer. Et aucune famille ne devrait être exclue d’un dispositif d’aide pour quelques euros de trop.

Ce témoignage n’est pas un cas isolé. Il met en lumière une réalité trop souvent ignorée : celle des personnes âgées, modestes, exclues des dispositifs d’aide à cause de critères rigides et déconnectés du terrain.

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