La Ville de Saint-Denis a dévoilé ce jeudi le programme de la Fèt Kaf 2025, plus précisement le 20 Désanm. Pour cette édition, la commémoration s’est placée sous le thème « Lo Kaf lé pa in koulèr, lo Kaf lé in valèr ». Il ne s’agit pas d’une revendication, mais d’une transmission. Un passage de mémoire porté aujourd’hui par les plus jeunes, comme une affirmation de soi, une façon de dire : ce que nous sommes ne se voit pas, il se porte.

La maire Ericka Bareigts rappelle que la commémoration de l’abolition de l’esclavage, le 20 décembre 1848, se prépare dès la mi-année avec une vingtaine d’associations mobilisées dans les quartiers. Objectif : transmettre l’histoire au plus grand nombre, jeunes et moins jeunes, quelles que soient les origines, pour se retrouver ensuite autour d’un moment commun de recueillement et de célébration.

Le programme 2025 s’articule en trois temps. Le 9 décembre marquera l’ouverture d’une exposition à la médiathèque François-Mitterrand, portée par l’artiste Réo O et son collectif, qui proposeront leur regard sur cette mémoire. Du 16 au 20 décembre, Jean Lahope animera un « maxi ron mia », version amplifiée du rendez-vous quotidien, rassemblant plusieurs grands noms du maloya. Enfin, le 20 décembre se déclinera en deux séquences : une cérémonie au matin, consacrée à la commémoration et au partage de connaissances avec l’intervention de spécialistes, puis une grande soirée musicale.

Cette soirée se veut résolument internationale. La ville affirme la volonté de faire du 20 Désanm un événement ouvert sur le monde, avec une scène réunissant artistes réunionnais et invités venus de Côte d’Ivoire, de Guinée Conakry, du Sénégal et du Mozambique. Le défilé populaire, nourri par les associations, proposera une traversée symbolique des royaumes africains d’avant la colonisation. L’édition 2025 sera aussi portée par l’affiche de l’artiste mozambicain Butcheka, sous un mot d’ordre clair : « Lo Kaf lé pa in koulèr, lo Kaf lé in valèr », pour mettre en avant l’héritage, la dignité et la transmission.

L’artiste mozambicain Butcheka explique avoir accueilli avec émotion son invitation à La Réunion, qu’il découvre pour la première fois, et se dit honoré de réaliser l’affiche de la Fèt Kaf/20 Désanm. Il confie avoir ressenti d’abord une certaine appréhension à l’idée de représenter un passé lié à l’esclavage sur l’île, qu’il associe notamment aux peuples venus du Mozambique et de Madagascar.

Photos & Vidéos : Karoline Chérie