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Suppression des exonérations LODEOM : les acteurs économiques réunionnais font bloc pour préserver leurs dispositifs de soutien (photos+vidéos)

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À l’heure où le gouvernement prépare le projet de Loi de finances (PLF) et le projet de Loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, les arbitrages budgétaires inquiètent particulièrement les territoires ultramarins. En effet, une coupe de 750 millions d’euros est envisagée pour l’outre-mer, dont 350 millions sur les exonérations de charges sociales liées à la LODEOM et 400 millions sur les aides fiscales à l’investissement. Ces mesures, perçues comme un « rabot » brutal, font craindre une déstabilisation profonde du tissu économique réunionnais.

Qu’est-ce que la LODEOM ?

La LODEOM (Loi pour le Développement Économique des Outre-Mer), adoptée en 2009, est un dispositif d’exonérations de charges sociales destiné aux entreprises ultramarines. Elle vise à compenser les surcoûts structurels auxquels sont confrontés ces territoires : éloignement, insularité, dépendance aux importations, petite taille des marchés. Grâce à ces exonérations, les entreprises peuvent :

  • Maintenir et développer l’emploi local en réduisant le coût du travail.

  • Renforcer leur compétitivité, malgré les contraintes structurelles reconnues par l’article 349 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne.

  • Dynamiser l’investissement, aux côtés des dispositifs de défiscalisation (loi Pons, Girardin, etc.), qui ont favorisé l’émergence d’industries locales et la construction de logements.

En somme, la LODEOM n’est pas un privilège, mais une mesure compensatoire pour rétablir une certaine équité entre les économies ultramarines et hexagonales.

Les inquiétudes exprimées à la Réunion

Réunis autour de la Présidente de Région, Huguette Bello, les acteurs économiques et institutionnels ont affiché leur unité lors d’une conférence de presse consacrée aux menaces pesant sur la LODEOM et les aides fiscales à l’investissement.

Étaient présents non seulement les grandes organisations patronales (ADIR, MEDEF), mais aussi la Chambre d’agriculture, la Chambre de commerce et d’industrie de La Réunion (CCIR) et la Chambre des métiers et de l’artisanat. Tous, d’une seule voix, ont défendu le maintien des dispositifs, considérant qu’ils sont indispensables au soutien des entreprises et au développement économique du territoire.

  • Huguette Bello (Présidente de Région) a souligné que la Réunion, comme les autres territoires d’outre-mer, fait face à des contraintes spécifiques. Elle a dénoncé une « épée de Damoclès » pour les entreprises réunionnaises et insisté sur le caractère impératif de la justice et de l’équité dans la répartition des efforts de redressement budgétaire. Elle rappelle que ces coupes budgétaires ne sont pas de simples ajustements, mais qu’elles pourraient mettre en péril l’emploi, la vie sociale et économique de milliers de familles réunionnaises.

  • Gérard Lebon, représentant du monde économique, a insisté sur l’importance de maintenir la LODEOM comme outil incontournable de création d’emploi et de dignité :

« Il faut maintenir la LODEOM sur nos territoires. C’est un outil qu’il nous faut garder et utiliser au maximum pour créer de l’emploi, du revenu et de la dignité. »

  • Michel Dijoux (Président de l’ADIR) a rappelé l’importance des aides fiscales pour l’investissement industriel : avec la baisse annoncée de la défiscalisation de 35 % à 24 %, certains projets deviendraient impossibles à financer. Or, l’industrie réunionnaise représente 22 000 emplois et 6 % du PIB local. Pour lui, la réforme menace directement la pérennité et la modernisation du secteur.

  • Katy Hoarau (Présidente du MEDEF Réunion) a dénoncé un « rabot » dangereux et martelé :

« Stop au rabot des aides fiscales à l’investissement. Laissez-nous investir ! ». Elle a souligné que c’est grâce à ces dispositifs que le territoire a pu se développer, créer des logements et consolider son tissu industriel. Elle a également rappelé le décalage du taux d’emploi : 52 % à la Réunion contre 70 % en métropole, ce qui montre l’urgence de soutenir la dynamique de création d’emplois.

Une bataille politique et économique

Une lettre commune signée par les représentants politiques et économiques de la Réunion a été transmise au Premier ministre afin d’alerter sur les conséquences d’une telle décision.
Tous s’accordent : la suppression ou l’affaiblissement de la LODEOM et des aides fiscales fragiliserait durablement le développement réunionnais, avec des répercussions directes sur l’emploi, les revenus et la cohésion sociale.

La réunion prochaine avec le Président de la République est perçue comme un moment décisif pour infléchir ces arbitrages. Les acteurs locaux refusent de croire que « la messe est dite » et entendent mener une bataille légitime pour préserver les spécificités ultramarines.

    

2 Commentaires

  1. Arrêtez de vous battre entre vous dans ce pays où la majorité survit pendant que les politiques et leurs proches s’enrichissent sur notre dos. Réveillez-vous : pendant qu’on s’épuise à travailler pour des salaires misérables et un coût de vie insupportable, eux se gavent et divisent le peuple pour mieux régner.
    Regardez autour de vous, ouvrez les yeux ! On se déchire entre voisins, collègues, familles, alors que notre vrai ennemi est ce système qui nous écrase. En seulement 1 an à l’étranger, j’ai réussi à mettre de côté plus d’argent qu’en 10 ans à La Réunion pour le même travail, les mêmes compétences. Ça veut tout dire : ici, on nous condamne à survivre, pas à vivre.
    Tant qu’on continuera à se battre entre nous au lieu de s’unir, rien ne changera. Réfléchissez bien à qui profite cette situation…

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